Heure de colle de Miss Morgan :p

Une clé tourna dans la serrure de l'appartement du Proviseur, quand celui y entra en trombe enlaçant Evey. Souriant, Ange lâcha la jeune fille et referma la porte à clé.

"Mieux vaut ne pas être dérangés... Comment trouves-tu mon appartement ?"

Demanda Ange en balayant la pièce du regard, qu'il avait fraîchement aménagée la veille. Il rajoutant en souriant :

"Tu m'excuseras, c'est un peu en désordre..."

Ange alla rejoindre Evey, et se coucha à côté d'elle, les mains derrière la tête. Pensif, il répondit :

"Si... Même si pour l'instant, je n'ai dû y dormir seul qu'une nuit."

Doucement, Ange prit Evey par l'épaule et la renversa sur le lit pour qu'elle soit couchée elle aussi, près de lui, un sourire malicieux aux lèvre :

"...Mais étrangement, je sens que ça ne va pas durer."

Ange regarda par la fenêtre : personne dehors. Tant mieux. Il s'assit de travers sur le rebord de la fenêtre, appuyé sur le mur, une jambe pendant dans le vide une autre repliée.

Si une élève passe dans le parc, à l'étage en dessous, elle pourra me mater... Espérons que la directrice ne passera pas par là ^^

Souriant à ces stupides pensées, Ange se tourna vers Evey. Après quelques secondes de silence, il tira une dernière barre sur sa cigarette avant de lui dire :

"Sympa, cet après-midi... J'espère qu'il ne sera pas enlevé de ma fiche de paye. Certaines personnes pourraient se demander pourquoi toi et le Proviseur ont été absents tout l'aprèm..."

"Tu penses sincèrement que quelqu'un va faire le rapprochement ? Et puis au pire, y a aucune preuve" dit-elle un sourire espiègle sur les lèvres

Elle se leva et alla s'allonger au milieu du lit, observant le plafond et demanda à Ange :

"Dis-moi, pour quelles raisons t'es rentré ici en premier lieu ?"

En réponse à la première question, Ange avait haussé les épaules. En réponse à la deuxième...
Le Proviseur écrasa le mégot de sa cigarette sur la mur et le jeta négligeamment dehors, silencieux, puis descendit de son perchoir pour s'allonger sur le côté, près d'Evey, sur le lit. Il lui confia, d'une voix douce, emprunte d'une touche de remord :

"Ca me semble être il y a une éternité... En ce temps-là j'étais comme vous, je séchais les cours, buvais, me droguais et baisais sans limite... Et puis un soir, à une fête, j'ai rencontré cette fille en boîte, Tania, que je connaissais vaguement d'un ami commun. Elle avait énormément bu, moi un peu, on a passé la nuit ensemble et le lendemain quand sa mère a vu ce sale garçon couché dans le lit de sa petite fille Tania a subi un fort interrogatoire... Elle lui a dit qu'elle ne se souvenait même plus, qu'elle avait trop bu et que j'avais abusé de son état. Au procès, vu mon passé judiciaire tu te doutes que le juge m'a sacké... Et c'est comme ça que je me suis retrouvé dans ce centre."

Ange mis ses mains derrière sa tête et se mit à observer le plafond, pensif. Il dit :

"Ca te ne fait pas peur, au moins ? Tu viens de coucher avec un violeur..."

Evey se tourna de façon à voir le visage d'Ange lorsqu'il lui révéla la raison de son entrée au centre. A sa question, elle lui répondit :

"Non, ce qui me fait peur, ce sont les personnes qui n'assument pas leurs actes, comme elle"

Et elle l'embrassa comme pour soutenir le fait que son histoire ne l'effrayait aucunement.

La cendre de sa cigarette menaçant de tomber sur les draps, elle se leva et imita Ange en jetant son mégot par la fenêtre.

Puis elle alla se rallonger près de lui et dit:

"Au moins tu n'as tué personne" avec une pointe de sarcasme dans la voix, comme si elle ressentait du mépris pour elle-même.

Et elle se serra contre lui, si seulement il avait le pouvoir de lui faire oublier ce qu'elle avait fait.

Ange ne répondit pas quand Evey critiqua l'attitude de Tania il y a dix ans...

Mouais... J'ai un peu embelli les choses, quand même. Tania ne mentait pas à sa mère en disant qu'elle ne se souvenait plus.. Elle ne mentait pas vraiment non plus en disant que j'avais abusé de son état. Certes, elle était consentante, du moins je le pense... Ca remonte à tellement longtemps.

Le visage d'Ange trahissait ses pensées. Il essaya de repenser, non sans dégoût, à ce qui avait suivi cette soirée, la mère qui avait porté plainte, les flics qui avaient débarqué chez lui et qui l'avaient emmené devant toute sa famille... Et la mine horrifiée de ses parents... La honte, devant le juge qui ne lui avait rien épargné. Quand Evey lui parla des meurtres qu'elle avait connu, il pensa :

Chacun son lot de problèmes... De mauvais souvenirs.

Ange soupira, puis se mit à caresser les doux cheveux blonds d'Evey, en lui disant :

"Toi tu n'as rien à regretter... Tu vengeais ta mère, et tuais ceux qui t'avaient trompé pendant des années. Moi c'était par pure connerie, une nuit, que je regrette encore aujourd'hui..."

Les mots restaient en travers de sa gorge, mais Ange se força à dire, une note de tristesse dans la voix :

"Depuis le tribunal, je n'ai plus jamais revu mes parents et mes frères et soeurs. Ca fera bientôt dix ans."

Ange, mélancolique, répondit à la question d'Evey, continuant son récit :

"C'est plus compliqué que ça... En fait, je suis resté dans ce centre jusqu'à mes vingt ans, soit pendant trois ans, et quand j'en suis sorti je n'ai jamais osé revenir chez moi... Je me disais que j'y retournerais peut-être quand j'aurais une position plus stable, parce qu'à l'époque j'étais à la rue, et finalement je n'ai jamais le courage d'y retourner."

Ange se leva, alla se rallumer une cigarette. Debout devant le lit, il tira la première taffe libératrice avant de rajouter, la discussion l'ayant rendu un peu nerveux :

"Je n'aurais pas dû te raconter tout ça..."

...Et encore, je t'ai sortie la version la plus innocente. Pauvre Evey.

Ange finit par esquisser un sourire en entendant la réflexion d'Evey sur son actuel statut, les mots "superbe école de redressement" l'amusèrent particulièrement... Il tira une taffe sur sa clope, puis répondit :

"Sur ce point là, je te fais plutôt confiance. Non, j'aurais pas dû te raconter ça parce que un, on ne se connaît que depuis hier soir, et deux, je suis ton Proviseur."

"Ah, pour ça" fit Evey d'un ton faussement étonné.

Et elle leva les yeux au ciel et continua :

"Dis donc, Monsieur le Proviseur, on dirait que tu te plais beaucoup à me rappeler que tu es mon supérieur, ça t'amuse ?"

Tout en parlant elle s'était avancé et était maintenant debout sur le lit en face d'Ange et le dépassait d'un peu plus d'une tête.

Ange jeta le mégot de sa cigarette par la fenêtre, et monta sur le lit, face à Evey, pour être de nouveau au dessus d'elle. Un petit sourire malin au coin des lèvres, il répondit tout en l'enlaçant :

"Oui... J'aime bien montrer aux jeune filles arrogantes qui est le maître..."

Tous deux debouts sur le lit, la main gauche d'Ange posée sur la hanche d'Evey et sa main droite posée un peu plus bas, le jeune homme prenait plaisir à effleurer de ses lèvres les joues et la bouche d'Evey tout en lui parlant :

"J'aime beaucoup être Proviseur."

"Beaucoup plus agréable qu'il n'y parait comme métier" commenta-t-elle avec un sourire

Elle l'embrassa affectueusement et lui dit à regret :

"Je vais peut-être y aller, j'aimerais bien prendre une douche avant d'aller manger"

Elle descendit élégament par terre et cherchant son short des yeux, une fois qu'elle le vit elle l'enfila. Elle attendit qu'Ange descende à son tour et l'embrassa sur la joue.

"Si tu te sens seul ce soir, tu sais où me trouver ?"

En effet, le jeune homme, un peu plus tard dans la soirée, lui donna rendez-vous chez lui à minuit.